Des livres-témoignages, des articles de presse, des études scientifiques ont ces dernières années rompu l’omerta sur les viols, harcèlements sexuels, manœuvres de séduction, coups et blessures, injures, pressions de toutes natures exercées par des entraîneurs sur des sportifs adultes et mineurs.
Depuis une vingtaine d’années seulement le législateur français puis européen a élaboré des textes de loi punissant « LA MALTRAITANCE ».
Le MJS après avoir mis au travail une équipe d’experts (médecins et psychologues, sociologues et juristes) a engagé une grande opération nationale de sensibilisation.
LUNDI 27 AVRIL les cts lorrains, tous sports, après une précédente séquence d’information, ont été réunis au creps toute la journée pour une formation destinée à éveiller leur vigilance, et celle de leurs pairs entraîneurs, sur ce « tabou » de la maltraitance.
Une intervention magistrale, limpide, d’un universitaire parisien expert, a été suivie par une assistance captivée, plus silencieuse que d’habitude lors d' interventions en grand groupe, rendue muette par le fond et la forme du propos de l’orateur, qui pour certains constituait une révélation.
Les cts ont ensuite été divisés en sous groupes pour participer à des ateliers, prendre eux mêmes la parole, entendre de nouveaux intervenants sur des thèmes comme le surentraînement, la boulimie et l’anorexie mentales, le dopage et autres addictions, les dérives du coaching.
Le concept de maltraitance étendant le périmètre de sa signification au fur et à mesure des présentations.
Un psychologue lorrain, attaché aux services, entre autres sportifs, d’un club de basket pro, d’un athlète de dimension mondiale, a animé un remue-méninges au cours duquel des cts ont témoigné qu’ils avaient eux-mêmes, en tant qu’athlètes et/ ou coaches, été les sujets ou les objets ou les témoins, de l’un ou l’autre des thèmes cités.
Un exercice pratique a mis en évidence les effets positifs de la dynamique de groupe mais a permis aussi de visionner un clip et théoriser les influences moins saines qu’un leader ou un groupe peuvent exercer sur un membre, bouc émissaire, souffre douleur.
Il est bien entendu impossible de RESUMER ici tout ce qui a été dit, entendu, interprété, mais nous pourrons revenir sur un des thèmes, à la demande, lors d’un prochain stage ou réunion ETR.
Le thème du surentraînement a fait l’objet d’un intérêt particulier, très partagé par tous les cts de tous les sports représentés, dans mon atelier, mais sa définition, son classement dans les thèmes de la maltraitance a fait débat.
Certains défendent l’idée que le surentraînement n’est pas une maltraitance mais une simple erreur de programmation, d’autres pensent que l’excès est structurel, dans toutes les activités humaines, pas seulement sportives, qui visent l’excellence, la reconnaissance sociale.
Les activités artistiques, intellectuelles, professionnelles peuvent aussi donner lieu à des maltraitances, l’univers conjugal et familial n’y échappent pas plus.
Raison de plus pour lutter contre « TOUT CE QUI INFLIGE UN DOMMAGE A AUTRUI OU SOI MEME ».
Le fait que les maltraitances touchent d’autres humains que les sportifs ne dispense pas les sportifs de LUTTER CONTRE LES MALTRAITANCES DANS LE SPORT.
L’idée que pour atteindre un haut niveau d’expertise la souffrance serait un passage obligé est un premier débat ; l’acceptation que beaucoup doivent souffrir pour que un seul ou quelques uns, atteignent l’excellence en est un autre.
Surentraînement
L’entraîneur qui entraîne trop par ignorance des méthodologies d’entraînement, et des rythmes de développement, sans intentionnalité malveillante, OU BIEN en obéissant au calendrier fédéral qui parfois est plus étendu pour un jeune international en pôle que pour un senior professionnel
EST IL MALTRAITANT ?
OU BIEN est il seulement complice d’une institution maltraitante ?
L’entraîneur qui entraîne beaucoup ou trop, en imposant des charges beaucoup ou trop importantes ou trop nombreuses, en sachant qu’il fait courir des risques à ses entraînés, pour obtenir les résultats rapides ou précoces, dont il a besoin pour conforter sa place ou se sentir reconnu
L’entraîneur qui glorifie la souffrance, en stigmatisant le manque de courage, de volonté de motivation, de ceux qui faiblissent,
PEUVENT NE PAS SE SENTIR COUPABLES DE MALTRAITANCE s’ils ont intégré la conviction, la croyance qu’il faut souffrir pour être beau, qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs, qu’il y a un prix à payer pour tout…etc
Ces entraîneurs ne se sentent pas coupables, ils sont pourtant responsables des conséquences de leur coaching.
L’entraîneur qui accepte qu’un sportif en fasse trop, mais sans prescrire la dose, lui-même, en observant, tolérant, seulement les excès de l’athlète qui s’auto maltraite
voilà encore un autre cas de figure qui rend difficile une définition serrée du surentraînement
QUELLE est la bonne dose ?
Personne ne le sait : d’un sport à un autre, d’une époque à une autre, d’un pays à un autre, la bonne dose est différente. Ici et maintenant, deux sportifs du même âge, du même niveau, de la même discipline, mais avec deux entraîneurs différents et parfois avec le même entraîneur peuvent supporter plus ou moins une même dose.
L’entraîneur PROFESSIONNEL est par formation et expérience professionnelles RESPONSABLE, il prescrit la charge d’entraînement.
Le cts, entraîneur lui même, formateur d’entraîneurs, chargé du suivi des athlètes et des entraîneurs, donc proches d’eux, est responsable de lui-même et vigilant pour tous.
Alors quels conseils donner ?
Suivre les actes du sportif qui par ses progrès, sa stagnation, sa régression, va dire si la dose est bonne ou non pour lui.
Observer le corps du sportif qui en se fortifiant ou en se blessant va dire que la dose est bonne ou excessive.
Ecouter l’humeur du sportif qui par son entrain ou sa lassitude, par sa présence ou son absence, par sa régularité ponctuelle ou ses retards va dire si la dose lui convient ou non.
Enfin écouter le sportif lui-même dire son mot sur la dose avant de lui parler pour qu’il écoute à son tour le coach lui expliquer les efforts demandés.
La stagnation ou régression des performances, les blessures, les absences – retards et autres manifestations de lassitude, les plaintes explicites, sont des signes cliniques qui peuvent constituer un tableau du surentraînement.
Un seul signe, une fois, n’a pas valeur de preuve, c’est la répétition d’un signe, de plusieurs signes, qui peut faire sens.
Des blessures répétées à la suite de tacles d’adversaires, une pubalgie que le footballeur s’inflige lui-même et dissimule à l’entraîneur, une infiltration ou un strapping que l’entraîneur conseille ou impose à un sportif blessé pour qu’il participe, y compris dans l’intérêt de l’équipe, n’ont pas le même sens.
Une blessure consécutive à un bris de perche ne peut être confondue avec une répétition d’entorses, bursites, tendinites, et autres problèmes musculaires ou articulaires chroniques, qui ne guérissent pas, résistent aux soins, parce que le coach et/ou l’athlète, ne tolère pas un repos qui interrompt ou réduit un cycle d’entraînement ou parce que l’athlète n’a pas d’autre solution que la blessure pour faire entendre, ce qu’il ne peut pas exprimer autrement.
QUE FAIRE quand un signe de surentraînement apparaît, se répète, quand un autre signe de dysfonctionnement surgit (comportements anorexiques ou boulimiques, surinvestissement obsessionnel, manœuvres de séduction au sein de la dyade entraîneur-entraîné, exigences tyranniques du coach, attitudes capricieuses de l’athlète, conflits au sein du groupe pénalisant un membre etc) pour éviter la maltraitance ?
1/ savoir identifier une maltraitance, objet de la formation du jour, ne pas la nier, en sachant que si 65% des personnalités des compétiteurs sont bien adaptées, 35% sont dites difficiles.
Parmi ces cas difficiles LES TROIS QUARTS concernent les sports individuels.
2/ déclencher une proposition d’aide
3/faire quelque chose pour éviter la récidive
Une proposition d’aide peut être trouvée à l’intérieur du club si la maltraitance observée est mise en paroles et non niée, tue, par pudeur ou crainte d’intrusion. Mais les plus proches ne sont pas toujours les mieux placés pour observer ce que l’habitude banalise, pour oser intervenir, pour être entendus.
Le cts peut alors constituer un tiers extérieur : avec l’équipe technique régionale, ou lors d’une réunion d’entraîneurs, au cours d’un stage, il peut susciter l’échange et offrir un cadre à une circulation de la parole sur le thème de la maltraitance sans personnaliser.
Il peut aborder le problème avec l’intéressé en prenant un maximum de précautions, en demandant l’autorisation à l’intéressé, en lui laissant le choix du lieu et du moment, en suggérant la présence d’un tiers, qui brisera la relation duelle.
Il peut et doit faire appel à l’aide d’un professionnel ou à la Loi s’il juge que la situation, les faits, réunissent les conditions d’une maltraitance qu’il n’a pas les moyens d’affronter.
LA LLA a depuis 1988 une expérience des groupes de parole ; elle est une des premières ligues françaises, tous sports confondus, à avoir fait appel aux services d'une psychanalyste ; en 2005 à Forbach avec la FFA +le comite 57 + le GREPAS, en 2007 à Nancy avec L'AEFA elle a organisé ou participé à des colloques réunissant des coaches et des psychologues du sport français, grec, et brésilien.
La DDJS 57 a offert ce service de groupe de parole aux coaches mosellans, dans les années 90;
La DRDJS a pris le relais et offre depuis plus d'une décennie six rendez vous annuels aux cts et aux formateurs du creps pour évoquer en présence d'une psychanalyste, les difficultés qu'ils peuvent rencontrer dans l'exercice de leur fonction. Prochain RENDEZ VOUS LE 28 MAI.
AU CREPS fonctionne un groupe suivi accompagnement des responsables de pôles, ouvert à tous les adultes en relation avec les sportifs + un conseil de vie pour les membres des pôles, qui peuvent consulter un psychologue en toute discrétion, sur simple appel téléphonique.
Le GREPAS est une association qui organise en LORRAINE des groupes de parole pour entraîneurs.
La Lorraine ne prend pas le wagon en route. D'après les statistiques et enquêtes ministérielles, il semblerait, a dit le docteur LAURE, que notre région soit moins touchée que d'autres.