lundi, juin 28, 2010

10.42 comment pourquoi et... DEMAIN ?

J'ai écrit dans un livre et plusieurs mémoires universitaires comment faire des exploits et des contre-performances athlétiques, comment transférer une demande d'amour à la technique, comment faire la différence entre désirer et vouloir.

Je suis intervenu dans des tas de colloques, j'ai écrit sur ce blog et dans d'autres publications, j'ai expliqué en formations entraîneurs ou en réunions ETR comment j'entraîne Imaad et le CLAN.

J'ai transmis à Philippe OUDOT, Lahouari Bachir, Laurent Gobert, Serge Dal bon, Christophe Hacquard, Laurent Pojer, ALEX Sahores, Fred Lénard, Bruno Hue, Stéphane Dupré ma conception du coaching, qui n'a plus de secret pour eux, et j'ai l'impression de ne plus avoir rien à dire... Sauf quand je lis les anonymes et quand je constate les difficultés de certains  athlètes et coachs lorrains qui pourtant savent ce qu'est un intervalle de confiance, une surcharge progressive, une mentalisation technique, un chemin d'accélération, un fading, une séance walking back, un groupe de parole et autres procédés d'entraînement maintes fois débattus en réunions ETR ou sur ce blog.

COMMENT FAIRE 10.42 avec un junior qui ne veut pas prendre de licence ffa, avec un espoir qui ne veut pas s'entraîner, ou qui fait semblant, qui ne veut pas faire de 200, avec un senior qui sèche  tout ou partie des séances ou arrive en retard à l'entraînement, avec les meilleures rationalisations universitaires, familiales, religieuses, médicales, sentimentales...

Il faut de la "pas science" comme dit Françoise DOLTO. 79 MOIS de patience.

Il faut un junior qui, sans entraînement court entre 11.18 en juin  et 11.92 en septembre,  un espoir qui fait 22.32 à son premier 200  à 20 ans et 22.57 i à son meilleur 200 en salle  en espoir et pas mieux 22.58i la saison suivante en senior 1.

Un espoir qui, en dette permanente d'entraînement et d'investissement, progresse  normalement 10.89/10.80  puis à la première promesse de carotte dépasse les espérances d'un coach : 10.54/10.46 +2.7/21.44 vent nul.

Il faut un sprinter sans muscles, ex asthmatique, incapable de tenir  plus de 7 mn en aérobie, incapable de faire une foulée bondissante ou une roulade élevée,  incapable de dérouler son pied pronateur dans l'axe de la course ou de faire avancer son bassin pendant l'appui de ce pied au sol.

Mais il faut que ce débutant, au milieu de tous ses handicaps, cache un trésor que l'œil d'un coach expérimenté ne peut manquer : une fréquence hallucinante qui certes ne se traduit pas au chrono sur 60 (7.29/7.36 pour ses débuts en espoir) mais qui séduit un coach.

Il faut que ce pied fréquent, ce corps plein de manques porte une tête bien faite et bien pleine. Dès le premier mot, dès la première séance en tête à tête qui s'est terminée sur une civière improvisée, dès la première et timide apparition dans le clan, IMAAD A SÉDUIT SON COACH ET TOUS SES FUTURS PARTENAIRES par son éducation, son intelligence supérieure, son humanisme et  son explosivité musculaire.

Le reste n'a pas été un long fleuve tranquille et les débats et éclats œdipiens, culturels et  idéologiques furent  parfois retentissants, entre un scientifique croyant et un littéraire incroyant mais IMAAD a finalement accédé à presque toutes les exigences monstrueuses de son coach, et ce dernier, avec l'aide d'amis coachs et de psys, a  corrigé son urgence  du temps et  pris  le parti, le prend encore, de discuter telle ou telle intransigeance excessive, ALORS tout bien refléchi, la comète a renoncé à l'Argentine et aux USA pour faire 10.42 avec un coach dont l'atypisme finalement lui convient ou lui est supportable.

En aérobie IMAAD a admis l'axiome vollmérien, il sait que c'est une clé de la libération de la vitesse, il n'est pas encore capable de faire les footings des sprinteuses américaines ou de Stéphane DIAGANA mais il n'a plus de problème pour tenir une demi heure non stop et plus dans le bois du fort de Queuleu  à 70 à 80 % de sa vma, il court même en continu dans les tribunes de Vittel ou Metz, sous les yeux des autres sprinters (sauf les potes) qui pensent que l'aérobie ne sert à rien...

C'est seulement après ce travail qu'il effectue les séances vma que font tous les sprinters en oubliant que la vma à 100%  ne développe pas ce qui  se développe à des allures inférieures, ou bien en faisant les mêmes séances vma en jun esp senior, ce qui conduit à stagner.

Imaad faisait des 250 en espoir, il a inclus des 300 puis est passé de 6 à 8  répétitions de 300, c'est cette progression qui compte plus que le niveau de la séance, étant entendu que la récupération est toujours pincée, chronométrée pour rester un max dans la filière aérobie ET QUE AVANT LA VMA à 100% ET PLUS il y a une obligation de travail en durée soit en course soit en ppg.

Pour le travail anaérobie lactique, même principe, ce qui prévaut c'est la progressivité, il est donc clair que le junior qui utilise des 150 sera vite bloqué dans sa progression. Imaad a commencé en enchaînant des 90 en espoir, et à 26 ans il en est à mixter des 120/150 comme certains cadets juniors qui se demandent ensuite pourquoi ils bloquent en espoirs seniors...


IL Y A AUSSI LA MUSCU. Imaad ne fait pas d'haltérophilie, contrairement à beaucoup de sprinters plus forts que lui en squats barre sur la nuque, il soulève des charges légères mais barre devant et sur une jambe, voire sur une jambe instable... Il rechigne aux squats bras tendus, il accepte les épaulés jetés fentes, et surtout les arrachés et demi arrachés fentes, il  supporte tout ce que la presse de l'anneau supporte quand elle est chargée à bloc avec les 80 kg du coach assis sur la charge en supplément dans les exercices les plus lourds en isométrie ou excentrique.

L'an dernier nous avons introduit, à 25 ans, l'électro stim, cette année il a acheté un compex quand il a été réintégré au club élite et obtenu sa dotation 2010, qui lui avait été retirée en 2009, quand personne ne l'avait ni viré ni exclu (sic compte rendu du président en ag ligue). Les débats furent SOUTENUS parfois entre Steph et moi mais quand il a reçu  le renfort de Fred Lénard j'ai fini par céder à Steph et investir plus ce secteur dont je crains beaucoup (trop ?) les conséquences en termes de blessures musculaires et articulaires.

C'est clair HALLAY qui n'arrache pas son poids de corps mais qui a atteint 66 kg devra augmenter la cylindrée du moteur donc arracher plus de 71 kg l'an prochain pour battre son record sur 60.

Je préfère la muscu dynamique, et là, imaad est fort, très fort, il trouve que les haies à 1M06 sont trop basses pour des enchaînements de sauts pieds joints, il les franchit hors des taquets à 1.14/1.17, il enchaîne des foulées bondissantes au chrono, saute en contrehaut ou contrebas, monte les escaliers avec des chronos records et les descend en fréquence, fait un travail de bancs en force et en fréquence, accepte les squats en contermvt jump, les bench blast et les étoiles de david, les gainages spécial claudel, les couronnés et les roulades arrières piquées, les sauts carpés ou périlleux, des tonnes de bondissements qui sont sans doute à l'origine de la tendinite, même si par précaution nous avons cessé de faire 350 bonds en une seule séance pour en faire...BEAUCOUP PLUS mais répartis sur deux trois séances.

Ce travail a été nettement réduit cette saison en raison de la tendinite, nous n'avons pas fait de parachutes, pratiquement pas de charriot...

Le programme lactique a lui aussi été terriblement amputé, je n'ai pas pu surcharger comme prévu, ce sera pour l'an prochain, mais nous avons ainsi découvert que le travail sur vélo pouvait aussi faire monter le taux de lactates, si le nombre de coups de pédales, la résistance, le temps d'effort et un monstre de coach se liguent contre Imaad pour le pousser à l'agonie.

Au passage je remercie JF PENIN le prof responsable de la muscu au creps, un des mes ex collègues, et Raphaël, mes interlocuteurs pour les programmes de muscu et d'isométrie d' Imaad.

Il y a la partie technique que nous travaillons beaucoup en mentalisation après nous être bien mis d'accord sur les mots et les images qui permettent d'allonger le chemin d'accélération du bassin sans augmenter le temps de l'appui et des milliers de passage de haies pour trouver le bon placement, celui qui fait avancer le bassin vers l'avant.

Il y a le dada du coach, la partie non pas mentale mais psychologique de l'entraînement, héritée de Bud et Bruce  à San José, travaillée  au grepas, et que Imaad de son côté et son coach du sien élaborent ensemble et séparément (je ne sais pas qui il voit, ou bien je l'apprends après coup, même quand c'est une psy amie qu'il consulte et qui par professionnalisme ne me dit même pas qu'elle le voit; lui sait que je vois des  psys  et avec quels coachs je mets au travail  notre relation mais il n'a que de rares occasions de les  rencontrer et il ne connait même pas le nom  du professionnel messin que je vois le plus régulièrement)

Tout cela pour gagner 12 CENTIÈMES en quatre ans ou six en un an, ou plus si Imaad fait mieux que 10.42 cet été ? ou pour d'autres scénarii qu'un coach tait mais ne méconnait pas.

Une athlète de 26 ans peut avoir un désir de maternité,

Un athlète de 26 ans peut avoir un désir de vivre des sensations sur une moto ou des skis, il peut décider de vivre un chagrin d'amour ou de découvrir l'Amérique, choisir d'entrer dans  les Ordres, ou dans l'Armée, pas pour être athlète pro détaché à temps plein, non, pour  servir la Patrie dans une caserne au bout du monde, loin des stades, de goûter à d'autres ivresses que celle de battre des records, la vie offre  des plaisirs défendus ou autorisés, si nombreux qu'un vieux  coach peut comprendre qu'un jeune homme cède à la tentation...


Six  centièmes gagnés c'est peu  mais 10.42 en France c'est une contreperf seulement  pour le champion de France... Certaines années les podiumés élite se contentent de  ce chrono qui peut aussi suffire pour participer aux compets internationales individuelles secondaires, voire pour intégrer le collectif relais qui prépare les grands rendez vous européens mondiaux olympiques.

Donc si HALLAY est sur une pente faible de progression, dans deux ans en 2012, il peut être  à 10.36 et augmenter sérieusement ses chances d'être dans le collectif relais. Il peut aussi  progresser plus que trois centièmes par an, il peut même gagner ces trois centièmes dès... 2010

VOILA ce que le coach  ignore et ce savoir là, seul l'athlète le possède et peut le transmettre à son coach.
 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

coach gardez en un peu pour la suite de la saison. Vous qui prônez la surcharge progressive!!
signé Vincent