mardi, mars 02, 2010

Message pour toi tout seul

UNE COMÈTE DANS LE CIEL DE BERCY


Cela n’a duré que deux fois 21.44 secondes mais  les six  mille spectateurs ont vu et bien vu la trace de la queue de la comète, après une traversée éclair de  l’enceinte rouge de Bercy.

Tu avais décidé de cesser de faire semblant, de passer à l’acte, de sexualiser ta pratique, de courir pour gagner un plus d’ÊTRE  et pas seulement pour gravir une marche sur un podium déjà obtenu en 2009  ou grappiller quelques centièmes sur un record de Lorraine déjà amélioré en 2009.  

La bursite et trois médecins  + un  kiné du sport,
Mes répétitions compulsives  de monstre de coach surlignant à l’envi le moindre écart de trajectoire technique ou psychique
Trois adversaires plus forts sur le papier, dont le champion de France sortant et un jeune espoir favori de la presse, te  ravalant  au rang d’outsider,
Le manque de confiance des dirigeants de la ligue qui ne t’ont jamais exclu ni viré, mais dont tu attends encore l’aide 2009 et l’invitation  en stage 2009 à l’ile Maurice, offerte à  certains beaucoup moins performants que toi,
La doxa fédérale qui privilégie le haut niveau jeunes et ignore  les talents semblables au tien, 
Les défaillances de nombre de tes partenaires de Clan et de Cartel, te laissant seul face à l’énigme de ton destin,
Les études d’ingénieur et ton stage à Réseau  Gaz de France, où tu as travaillé jusqu’à la dernière heure avant le départ pour BERCY et où tu étais lundi avant 7h30...

La liste est longue des obstacles à surmonter pour faire de l’athlé perf mais RIEN, RIEN, même pas une piste neuve qui s’est révélée peu rapide sur 200, n’a pu faire barrage à la force de ton DESIR,  aiguisé par un travail de mentalisation au cours duquel le compétiteur se parle à lui-même dans un dialogue interne qui le met à nu. 

Tu  assumes désormais   la différence entre  DÉSIR et VOLONTÉ, tu n’acceptes pas encore  totalement  l’idée que l’exploit a un prix que l’athlète doit payer de sa personne, mais tu ne refuses plus l’idée de franchir  ce dernier Rubicon. 

Tu as admis qu’un coach ne peut pas entraîner  TOUT ce qui  fonctionne dans la réussite d’un champion puisque  UNE part qui n’appartient qu’à l’athlète est  une part  INENTRAINABLE.

Ton cerveau te permet de comprendre la complexité de la condition  humaine, tu sais expliquer la couleur du ciel avec des formules mathématiques, tu es capable de résister aux affects qui font sombrer les colosses aux pieds d’argile dans les moments compétitifs  décisifs où il faut en AVOIR pour  ÊTRE.

Tes mécanismes intellectuels sont des atouts pour résister au stress que je t’impose en permanence par mes exigences monstrueuses, qui me font  flirter  parfois avec  les limites de la maltraitance, mais je ne sais pas faire émerger autrement  le héros qui sommeille dans les signifiants majeurs successifs du CLAN.

Je te promets d’essayer de progresser mais les promesses n’engagent que ceux  qui y croient.


Les conflits de génération, les débats idéologiques, pourraient faire éclater notre dyade écartelée entre  rationalité scientifique et inconscient littéraire, mais elle résiste aux  heurts et clivages culturels les plus  ancrés.

Tu sais comment réduire à néant un coach qui sollicite ton  voussoiement : en une accélération lumineuse tu transformes  un vieux coach  vociférant en jeune enfant en pleurs.  

Après une telle prouesse IMAAD tu  insistes pour accrocher la médaille à mon cou,  mais tu n’obtiens pas plus satisfaction à Bercy qu’à Liévin car le vieux coach sait que son  supposé savoir  ne vaut que ce que le jeune athlète décide d’en faire. Il sèche ses larmes, retrouve sa voix de mentor, et  ses défenses d’adulte, pour refuser le jouet de bronze ou d’or qu'une Comète tente de lui faire partager.

En refusant avec mon cerveau une offre qui comble mon cœur, je prolonge ta demande généreuse au lieu de l’épuiser dans un acquiescement.

La performance, je suis d’accord avec toi, est certes  à la conjonction de deux désirs mais seul  l’athlète peut gagner donc lui seul peut porter le symbole de la victoire. Le seul  don que je peux accepter  vaut plus qu’une médaille, c’est ton don de confiance qui est   mon cadeau le plus précieux.  

Ces moments magiques où la relation pédagogique cède toute la place à une relation d’amour qu’un coach doit transférer à la technique, effacent toutes les disputes et donnent une dimension exceptionnelle à notre rencontre, nous, enfants désirés par des parents nés de l’autre côté des ALPES, et au-delà de la Méditerranée.

ENTRE ALPES ET MÉDITERRANÉE IL Y A LE PAYS LE PLUS VISITÉ AU MONDE, le pays qui bat des records de fécondité et de jours où l’on fait  l’amour ou la révolution  ou simplement la grève, le pays où DES FEMMES BLONDES FONT POINT D’ACCORD ABSOLU ENTRE toi et ton coach qui, sur tous les autres sujets,  jouissent d’assauts  dialectiques.

Ce pays  IMAAD tu en es le CHAMPION, pas seulement UNIVERSITAIRE mais INDOOR. Tu peux désormais t’aventurer à l’extérieur, tu peux oser faire exception, devenir  un PHALLUS, c'est-à-dire courir plus vite que tous les hommes nés  comme nous en Lorraine où accueillis en provenance d’autres  provinces, pays ou continents.

Bonnes vacances, on se retrouve avec le Clan, le Cartel et la Sainte alliance quand  ton tendon d’Achille et tout ton entourage auront digéré cet épisode  inquiétant puis exquis.
Le troisième week end de  mars, pour le stage PEPS à Vittel, il faudrait que tu sois prêt  à repartir du bon pied.

Samedi je suis chez  Laurent pour découvrir ALEXIANE puis j’ai une autre invitation à honorer  sur un lac italien : tu as vu que ALBERT était là le 14 février  avec le PEPS et lundi  encore à UCKANGE quant tu as été fait citoyen d’honneur.

Ensuite il y a une réunion du comité directeur du PEPS le 11 avant un rendez vous impératif quasi kantien : l’anniversaire de MÉLU, date réservée entre toutes, le lendemain du repas du club qui sera encore une occasion de te célébrer, donc tu dis à Hélène que pour le Mont d’Or, elle attende que je sois en RETRAITE, c’est une question de jours.

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